Séparation


Je vivrai donc, désormais, ma vie en solitaire, pas trop misanthrope, je le souhaite. La réclusion est un système de défense que je connais si bien, depuis si longtemps, depuis en fait l’époque où ma sœur aînée, dans un rêve, me prédisait que je vivrais seul toute ma vie, et que je devrais me marier un jour avec moi-même parce que personne ne voudrait de moi: j’étais un petit enfant, de six ou sept ans. C’était là un rêve particulièrement douloureux, qui peut me faire encore pleurer. Je vivrai donc, désormais, ma vie en solitaire, et je n’écrirais rien, ici, de ce qui concerne ma vie affective, et singulièrement ma vie de couple qui s’efface, si ça ne rejoignait, ça aussi, et d’une manière certaine, ce qui pose problème dans ma vie et parfois la détruit. La rage et la colère m’habitent, depuis toujours, depuis que je sais serrer les dents, et parfois les briser, tant la colère contenue cherche à s’émanciper, à éclater. 

Mes muscles sont durs, contraignent le corps à ne pas exploser, à ne pas éparpiller l’automate que je suis, souvent, en mille morceaux. Je me sens mal, toujours, j’ai peur, toujours, je l’ai écrit cent fois sur ce blogue. La colère est pourtant vitale. Dommage qu’elle soit si mal tolérée. La peur est essentielle. Et pourtant, elle est à faire pitié. Je cherche alors à rester seul, souvent, sans que cette solitude ne m’apaise, d’ailleurs, bien au contraire: tout est laissé à l’abandon dès que je m’isole, et moi, l’insomniaque chronique, je dors en plein jour, pour faire passer le temps, m’éviter de sortir et de fréquenter les autres, le danger, le rejet, l’horreur possible, alors que, paradoxalement, j’espère guérir en dormant tout le temps.